''Ce livre aurait pu s'appeler L'emmerdeur'' (01/11/2006)
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Frédéric François, qui a marqué l'histoire de la RTBF par ses reportages, sort ses Mémoires

BRUXELLES Le livre s'appelle Le journalisme dérangeant . Un titre qui correspond bien a la personnalité de Frédéric François, une des figures marquantes de l'info a la RTBF, qui a parcouru le monde, micro a la main, de l'Algérie a l'Irak, en passant bien sur par le Congo. Et pourtant, notre homme avait au départ un autre titre en tete. "Je voulais l'intituler L'emmerdeur. Mais on m'a dit qu'il fallait que le titre fasse référence au journalisme, pour qu'on ne pense pas qu'il s'agisse de l'autre Frédéric François (le chanteur, NdlR). Vous imaginez, il n'aurait pas apprécié qu'on le qualifie d'emmerdeur (rires). On a donc choisi a la place Le journalisme dérangeant. Ce qui me convient bien. J'ai toujours aimé cette expression."

Il est vrai que, pour quelqu'un qu'on avait qualifié en son temps de cinquieme pouvoir ("Ce qui ne m'a pas toujours aidé" ), on peut difficilement trouver meilleur qualificatif. Le livre retrace donc l'itinéraire de notre journaliste depuis ses débuts a La Cité jusqu'a sa retraite. Sous sa plume, ce sont certaines des pages les plus marquantes de notre pays que l'on parcourt. A commencer, bien sur, par l'ex-Congo belge, ou Frédéric François a signé quelques-uns de ses plus célebres reportages. "J'ai eu avec Mobutu des relations d'amour/haine a l'image de celles qu'il entretenait avec la Belgique. Pendant 6 mois, tout allait bien et puis, d'un coup, je n'avais plus de visa ! C'était un dictateur, mais aussi un grand communicateur. Pour les interviews, il était formidable. Il avait une pointe d'accent bruxellois. Parfois, je ne savais pas si c'était VDB ou Mobutu qui me parlait !"

Sur la RTBF d'hier et d'aujour-d'hui, notre homme a également beaucoup a dire. C'est parfois drôle, comme lorsqu'il décrit l'esprit administratif qui a longtemps régné dans la télé de service public, ou les syndicats étaient prets a se battre pour obtenir que la pause pipi soit introduite dans les notes de frais lors des reportages ("si vous vous reteniez, vous vous mettiez 20 francs dans la poche !" ). Mais il salue cependant la façon dont on l'a laissé faire son métier. "Malgré ce qu'on entend parfois, je ne me suis jamais senti aussi libre qu'a la RTBF. Bien sur, il est arrivé qu'une de mes émissions ait été repoussée, mais elle passait 8 jours plus tard et souvent avec plus d'audience !"

S'il garde confiance en l'avenir du JT (dont on fete les 50 ans), il regrette cependant certaines dérives. "Il y a une surutilisation de l'émotionnel qui prend le pas sur la raison. Je vois de moins en moins de médias qui ont le courage d'aller a contre-courant de l'opinion publique. Quand j'entends M. Philippot affirmer qu'il va etre a l'écoute du téléspectateur, ça m'interpelle. La dérive actuelle, c'est de faire tout ce que le téléspectateur attend, meme quand il a tort."

Des regrets ? Comme chacun, Frédéric François en a, notamment sur son implication en politique, avec le PSC. "Je me suis trompé en allant de l'autre côté de la barriere. Quand j'ai quitté la politique, j'ai alors ouvert un resto afin d'éviter de rester deux ans dans un placard doré, laps de temps obligatoire a la RTBF pour retrouver ses fonctions. La aussi, j'aurais mieux fait de m'abstenir (rires). Mais, au moins, ça m'a permis de connaître les problemes des indépendants."


Le journalisme dérangeant. Éd. Luc Pire.

Frédéric Seront

© La Derniere Heure 2006

''J'aurais préféré que ce soit Adamo qui prenne mon nom''

BRUXELLES Le quiproquo est fréquent. Lorsque vous parlez de Frédéric François, on vous répond "Le chanteur ?" . Et vous de préciser : "Non, non, le journaliste." Ce type de situation, notre baroudeur des médias en a connu un paquet. "Quand je téléphone au resto pour une table, on pense que je suis le chanteur. Mais bon, de l'autre côté, ça aide pour obtenir sa réservation (rires)." En fait, c'est l'interprete de Mon coeur te dit je t'aime qui a pris ce pseudonyme sur conseil de son imprésario. Trente ans plus tard, le chanteur est souvent plus connu que le journaliste. "Ma fille était fan de lui. Elle allait a tous ses concerts. Moi, j'aurais préféré que ce soit Adamo qui prenne mon nom. Je préfere ses chansons."

Aujourd'hui, Frédéric François a 74 ans. Il avoue que la mise a la retraite n'a pas été facile. "Toute ma vie, mon seul hobby a été mon métier. Alors, quand du jour au lendemain vous vous retrouvez sans hobby, c'est terrible !" Mais, en réalité, il n'a jamais totalement décroché. Pour 2007, la RTBF lui a demandé un reportage sur les paras belges tués au Rwanda. Et puis, il y a la famille. Il s'apprete a feter son... 1er anniversaire de mariage avec sa 3e épouse. "J'ai toujours beaucoup aimé les femmes !" Il a aussi 5 enfants, 11 petits-enfants et 1 arriere-petit-fils. De quoi s'occuper...



© La Derniere Heure 2006
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