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L'EVACUATION DES BELGES EN NOVEMBRE 1964
RACONTEE PAR DES TEMOINS DES EVENEMENTS
PRECURSEUR DES ACTIONS HUMANITAIRES
LAPORTE, CHRISTIAN

Mardi 25 f�vrier 1997
L'�vacuation des Belges en novembre 1964 racont�e par des t�moins des �v�nements
Pr�curseur des actions humanitaires

L'histoire r�cente du pays, c'est aussi la fin de l'aventure coloniale. Et le d�but d'une ere humanitaire. Pleins feux sur �Stan� en novembre 64...
Alors que les id�ologies d�clinent et que le d�senchantement est grand, tant sur le terrain de la morale que de la politique, on a vu surgir un besoin nouveau de g�n�rosit�, de risque, d'aventure et meme de danger. C'est ce qu'on appelle �l'action humanitaire�. L'humanit� et l'humanitaire sont-ils compatibles ? Cette interpellation est au programme d'une journ�e d'�tudes qui se tiendra ce vendredi 28 f�vrier aux Facult�s Saint-Louis avec des acteurs de terrain mais aussi des analystes (1). La projection du num�ro des �Ann�es belges�, de la RTBF-Charleroi, consacr� ce soir aux �v�nements de Stanleyville ou des milliers d'otages blancs mais aussi congolais furent lib�r�s apres plusieurs mois d'angoisse, pourrait etre une bonne introduction aux d�bats ! On peut en effet qualifier l'�vacuation des ressortissants belges et �trangers de fait pr�curseur des grandes op�rations humanitaires de ces dernieres ann�es.
L'accession du Congo a l'ind�pendance n'avait pas apais� les esprits. Au contraire, un chaos permanent s'�tait install�. En avril 64, des troubles avaient �clat� au sud de Bukavu. Les rebelles simbas progressaient vers Leopoldville. Sous l'impulsion du consul belge, Patrick Nothomb - aujourd'hui ambassadeur de Belgique au Japon -, une partie de nos compatriotes avait �t� �vacu�e mais l'autre moiti� refusa de rentrer pour ne pas abandonner ses biens. Ce fut le d�but d'une p�riode tres d�licate, car il n'�tait pas simple de concilier les int�rets des Belges et les vis�es politiques des Simbas, derriere lesquels on voyait la main des communistes chinois.
Meme si les rebelles avaient jur� qu'ils ne menaceraient pas les Europ�ens, ils les avaient bel et bien pris en otage. Entretemps, le ministre des Affaires �trangeres Paul-Henry Spaak avait re�u en Ardenne, dans la plus grande discr�tion, Christophe Gbenye, un des leaders du Conseil national de la Lib�ration : en �change d'un soutien a la cr�ation d'une r�publique populaire, le chef africain s'�tait engag� a ne faire aucun mal aux citoyens belges mais, la encore, les faits d�montrerent que ce n'�tait pas tout a fait vrai.
On envisagea donc tres s�rieusement une �vacuation, qui devait se faire sans donner l'impression de se meler de la situation politique int�rieure.
Le colonel Fr�d�ric Vandewalle, ancien chef de la Suret� au Congo, fut charg� de pr�parer une colonne terrestre compos�e de mercenaires. On lui donna le nom d'Ommegang par r�f�rence a la c�lebre manifestation bruxelloise, a cause de l'impression de force et de majest� qui devait se d�gager du vaste cortege. L'objectif �tait de faire peur plut�t que de se meler de ce qui �tait une guerre civile. Mais le gouvernement belge �tait de plus en plus convaincu qu'une intervention directe devait doubler cette mission. Spaak r�ussit a convaincre les Etats-Unis et une op�ration de rapatriement fut pr�par� sous la houlette des colonels am�ricain Gradwell et belge Laurent.
Elle s'av�ra n�cessaire apres que les rebelles eurent emmen� un certain nombre d'otages a Stanleyville. Et donc, le 18 novembre, sous le pr�texte de manoeuvres secretes de l'Otan, 12 C130 s'envolerent de Kleine-Brogel pour l'�le atlantique d'Ascension. Les troupes a�roport�es furent finalement envoy�es vers Stanleyville au moment ou la colonne �Ommegang� s'en rapprochait...
�ALLE"I FIEU, AVANCEZ!�
Les t�moignages directs de Patrick Nothomb mais aussi de plusieurs coop�rants belges sur place, ainsi que les images tourn�es sur place par Fr�d�ric Fran�ois montrent a quel point l'op�ration fut d�licate et se traduisit par la perte de plusieurs vies humaines. Mais pouvait-il en etre autrement face a la d�termination de rebelles sentant que la situation leur �chappait ?
Les otages avaient �t� plac�s en bouclier humain entre les Simbas et les soldats et mercenaires, ce qui provoqua une extraordinaire tension. Patrick Nothomb crut a ce moment que les Belges ne s'en sortiraient pas, mais il allait etre rassur� en entendant un sonore �alleie fieu, avancez�, indice de l'arriv�e des � lib�rateurs�. Au-dela de l'anecdote, il faut constater que les troupes n'�taient pas au bout de leurs peines, ayant encore a lib�rer Paulis et l'autre rive de Stanleyville. La diplomatie belge, non plus, qui �tait all�e aux Nations-Unies avec la certitude d'etre condamn�e. Mais le grand orateur qu'�tait Spaak retourna la situation. Avec le recul, on peut dire que c'�tait la seule maniere de sauver les expatri�s. La population belge ne s'y trompa pas, r�servant un accueil enthousiaste a ses paras a Bruxelles...

�Les ann�es belges�, RTBF 1, 21 h 10.(1) Renseignements : 02/211.78.86.

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